BLONDES

AUTOPORTRAIT A LA CHEVELURE ICONIQUE – Photographies, 2018 – Série en cours

Début 2018, Elene Usdin décide d’initier une série dans laquelle elle incarnera des hommes dont le talent est proportionnel à la blondeur platine ou cendrée. Jusque-là, chevelure dorée rimait plutôt avec féminité et surtout stupidité, mais son renversement des clichés, des genres et des situations, ne s’arrête pas là.

À l’heure où les sexes se crêpent le chignon, elle prend le mâle à la racine.
En pleine affaire d’offense et d’importunité à grands coups de hashtags, elle préfère se glisser joyeusement et pacifiquement dans la peau de « sa blonde »
le temps d’une prise de vue. Et rendre ainsi hommage à son homme objet,
dont elle a entièrement façonné l’habit, réalisé la mise en plis, imité la posture, exacerbé les traits. Car elle est femme orchestre, devant et derrière l’objectif,
à la fois photographe, modèle masculin, styliste, coiffeuse, assistante…

Elle devient l’homme aux cheveux d’or ou d’argent et aux idées longues.
Elle les choisit pour leur plastique, leur identité capillaire, comme d’autres évaluent une femme sur son physique plutôt que sur sa réussite, mais ici, l’intelligence « s’emmêle », comme les cheveux.

Elle embarque avec elle Jim, Kurt, David, Andy, Karl, Klaus, Samuel, Jean-Paul, Billy… dans un Blond Ambition Tour d’un genre nouveau. Dans un jeu de rôle
et de changement de sexe, un jeu drôle et carnavalesque. Quitte à endosser l’habit de l’homme, autant y mettre le paquet.
Elle crée chaque accessoire, chaque vêtement en papier recyclé, en carton,
en scotch, en peinture, qui se pique de démesure, frôle l’inconfort. Un costume trop grand pour elle, comme un autre carcan. Car si les clichés ont la vie dure,
les uniformes peuvent bien l’être un peu aussi. Mais c’est en toute empathie qu’elle donne vie à son tableau de chasse.

Paris, Février 2018,
Carine Soyer